mardi 8 novembre 2011

Soljénitsyne : Le pavillon des cancéreux

"Nous avons le socialisme. Mais quel socialisme ? Nous avions pris le tournant habilement en nous disant : il suffit de changer les moyens de production et, aussitôt, les gens changeront d'eux-mêmes. Oui mais, des clous ! Ils n'ont pas changé du tout ! L'homme est un type biologique. Il faut des millénaires pour le modifier.
- Mais alors, quel socialisme ?
- Eh bien, oui, justement, quel socialisme ? C'est une énigme ? On l'appelle "démocratique", mais ce n'est qu'une indication superficielle qui ne désigne pas la nature de ce socialisme, mais seulement la façon de l'instaurer, le type d'organisation politique de l'Etat. C'est seulement pour dire qu'on ne coupera pas de tête. Mais cela ne dit rien de ce qui doit lui servir de base. Et ce n'est pas non plus sur un surplus de biens qu'on peut construire le socialisme parce que si les hommes sont des buffles rien ne les empêchera de piétiner ces biens. Et ce n'est pas non plus de socialisme qui n'en finit pas de proclamer la haine, car il n'est pas de vie sociale qui puisse s'édifier sur la haine. [...] Et moi je dirai que, précisément pour la Russie, avec nos contritions, nos professions de foi et nos révoltes, avec Dostoïevski, Tolstoï et Kropotkine, il n'y a qu'un seul bon socialisme, le socialisme moral."

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